Aujourd’hui, tous les appareils reflex ont un mode automatique performant, alors pourquoi utiliser le mode manuel ?
La réponse est simple : pour régler la profondeur de champ, c’est-à-dire augmenter ou réduire la zone de netteté, et/ ou régler le temps de pose de sorte à éviter les flous.
Lorsque l’on utilise le mode Automatique, l’appareil gère lui-même les réglages d’exposition : Temps de pose (également appelé durée d’exposition, qui se règle sur l’appareil par la vitesse d’obturation), Ouverture et Sensibilité ISO. Ce sont les trois paramètres du triangle d’exposition. C’est ce qui définit quelle quantité de lumière va rentrer dans l’appareil, et donc à quel point l’image sera sombre ou lumineuse.
Cette notion de triangle d’exposition est importante car c’est ce que l’on va utiliser pour garder une luminosité qui nous intéresse tout en ayant la possibilité d’augmenter/réduire la profondeur de champ, ou d’augmenter la vitesse d’obturation.
Quelques notions décrites grossièrement, pour commencer :
Profondeur de champ (PdC) : étendue de la zone de netteté.
Plus l’ouverture du diaphragme sera physiquement grande (son nombre f/ petit), plus la PdC sera réduite.
Le Temps de pose (ou au choix, Durée d’exposition/Vitesse d’obturation) : c’est le temps durant lequel l’appareil va laisser entrer la lumière. Forcément, Plus la vitesse est élevée, moins la lumière entre, plus la photo est sombre. Donc, l’inverse est vrai, plus la vitesse est lente, plus la lumière a le temps d’entrer, plus la photo est lumineuse. Si l’on devait faire une comparaison avec la plomberie, on dirait que, pour un même débit, si l’on ouvre un robinet une seconde pour remplir un seau d’eau, le seau contiendra moins d’eau que si l’on avait ouvert le robinet 30 secondes.
L’Ouverture (du diaphragme) : C’est l’ouverture physique, dans l’objectif, par laquelle la lumière va passer pour entrer dans l’appareil (tout ceci est décrit grossièrement, mais c’est pour comprendre facilement). Là encore, plus le diamètre de l’ouverture est grand, plus la lumière passe. Plus l’ouverture est petite, moins la lumière passe. On règle ce paramètre avec le nombre d’ouverture (f/n). Attention, petit piège*, plus le nombre est petit (ex : f/1,4), plus l’ouverture physique est grande.
Donc, plus le nombre est petit, plus la lumière rentre. Et comme vous l’aurez compris, plus le nombre est grand (ex : f/22), moins la lumière passe.
La Sensibilité ISO : Paramètre qui se règle avec les… ISO. Bravo !!
En numérique, c’est pour le capteur ce qui va définir sa sensibilité à la lumière. L’équivalent des ASA pour l’argentique et ses pellicules. D’ailleurs, les rapports restent les mêmes : 100 ISO = 100 ASA.
Plus la sensibilité est élevée, donc les chiffres élevés, plus le capteur est sensible à la lumière. Ce qui veut dire qu’en cas de lumière faible, la photo sera plus lumineuse avec des ISO élevés. Cela peut être pratique, mais ça génère un bruit à partir d’un certain niveau. Il faut comprendre que ce paramètre est une sorte de Boost du signal, ce n’est pas un paramètre physique comme peuvent l’être le réglage du temps d’exposition et le réglage d’ouverture du diaphragme. À utiliser donc méticuleusement.
STOP !!!
Maintenant que l’on a revu ces notions, et avant de passer à ce fameux triangle, voyons un peu le stop. Un stop est un panneau octogonal…
Qu’est-ce qu’un stop… Ou encore, un Diaph… Ou même un IL (Indice de Lumination) ???
Déjà, tous ces termes sont des synonymes. Que l’on en utilise un ou un autre, on désignera la même chose.
Vous avez sûrement déjà dû lire dans des articles ou des sites consacrés à la photo, gagner/perdre un Diaph… Augmenter de deux stop… Etc.
Pour simplifier au maximum, 1 Stop de plus est simplement une “quantité” de luminosité deux fois plus importante. Et un stop de moins est une quantité réduite de moitié.
Exemple, pour un réglage donné, l’augmenter d’1 Stop voudra dire modifier un paramètre de manière à donner deux fois plus de luminosité… Vous comprendrez donc que perdre 1 Diaph veut dire que pour un réglage donné, un paramètre a été modifié et a eu pour conséquence de “perdre” (ça c’est anti Lavoisier) la moitié de la luminosité.
Heureusement pour nous GU (gentils utilisateurs…), chaque paramètre, que ce soit le Temps de pose, l’Ouverture, ou la Sensibilité, augmente ou diminue dans les mêmes quantités lorsque l’on modifie son réglage d’un cran au-dessus ou en dessous. Cela dépend du boitier mais ça peut être par incrément (ou décrément) d’un demi ou d’un tiers de Stop.
Concrètement cela veut dire que si modifier d’un cran le nombre d’ouverture aura pour conséquence de modifier l’exposition d’un tiers de Stop, alors modifier d’un cran la vitesse d’obturation (ou bien la sensibilité) aura aussi pour conséquence de modifier l’exposition d’un tiers de Stop. Avec l’habitude on finit par faire les modifications de réglages de l’exposition sans regarder.
Exemple :
Mon réglage de base est f/4, 1s, 200 ISO
Je passe à f/5,6, 1s, 200 ISO : En passant mon nombre d’ouverture à f/5,6, j’ai une ouverture physique du diaphragme deux fois plus petite que lorsqu’elle était à f/4. Les autres paramètres n’ayant pas changé, j’ai simplement divisé par deux la quantité de lumière entrant dans l’appareil, j’ai donc perdu (ou diminué, selon le contexte) un Diaph. L’image sera deux fois plus sombre.
Maintenant je passe à f/4, 1s, 400 ISO. Par rapport à mon réglage de base, je suis passé à la valeur directement supérieure de la sensibilité. J’ai donc doublé la luminosité (par “Boost” du signal), j’ai donc augmenté d’1 Stop par rapport au réglage initial. Résultat, l’image est deux fois plus lumineuse.
Plus dur… Je passe à f/2,8, 2s, 200 ISO. Que se passe-t-il ? J’ai en fait augmenté de 2 Stops.
Un premier Stop en passant l’ouverture à f/2,8 qui est l’ouverture physique deux fois plus grande que f/4. Donc déjà une première fois, le double de lumière.
Puis un deuxième Stop en passant le Temps de pose à 2s, qui et le double d’1s, ce qui fait rentrer deux fois plus de lumière.
2 Stops = 2 x double de lumière.
2 × 2 = 4, j’ai donc une image quatre fois plus lumineuse (toujours par rapport au réglage initial).
Un dernier exemple pour la route, pour que vous saisissiez toute la subtilité de la chose :
Je passe à f/2,8, 1/4s, 400 ISO… Que se passe-t-il au niveau de la luminosité ?
Elle reste la même !
Pourquoi ?
On a vu qu’en passant à f/2,8, on gagnait un stop, et en passant à 400 ISO, on gagnait encore un stop… Donc au total quatre fois plus de luminosité. Très juste, mais on a divisé le Temps de pose par 4, donc, laissé entrer quatre fois moins de lumière, donc, diminué de 2 Stops.
2 Stops – 2 Stop = 0 Stop. Résultat, l’image a gardé la même luminosité qu’avec le réglage de départ.
Mais alors, quel pourrait être le but de cette manœuvre apparemment absurde ?
Conserver une luminosité qui nous convenait tout en diminuant le risque de flou puisque la vitesse a augmenté (si l’on s’était contenté d’augmenter la vitesse, la photo aurait été quatre fois moins lumineuse). Conséquence, on a perdu un petit peu de profondeur de champ…
Avec ce dernier exemple, on voit vraiment comment fonctionne le Triangle d’exposition.
Dans un triangle, la somme des trois angles est toujours égale à 180°… En tout cas en géométrie euclidienne sur terre… et ça tombe bien, c’est là où nous nous trouvons.
Vous pouvez avoir un triangle avec un angle à 90°, et deux angles à 45. Total, il fera 180°.
Imaginons que l’on garde notre angle à 90°, mais que l’on modifie un angle en le faisant passer de 45° à 27°, alors, le troisième angle fera 63°. La somme des trois angles, même si le triangle n’est plus beau, fera toujours 180°.
Quand la luminosité d’une photo vous convient, mais que la PdC n’est pas assez grande, ou que la Vitesse n’est pas assez élevée, alors, il faut utiliser les 3 paramètres du Triangle d’exposition en les modifiant de manière à retrouver le principe du triangle ayant une somme des trois angles à 180°.
Ce que l’on enlève à un angle, on le rajoute à un (deux) autre(s) de manière à ce que la “quantité” de luminosité soit toujours la même.
Dans l’analogie, les degré du triangle géométrique sont les Stops du Triangle d’exposition.
Maintenant que l’on a vu ce qu’était le Triangle d’exposition on va voir comment s’en servir en passant du mode Automatique au mode Manuel.
Premièrement, on prend une photo en mode Automatique. On regarde ce que ça donne, et il y a de fortes chances pour qu’au moins la luminosité soit bonne. La netteté, c’est autre chose… Quant à la profondeur de champ, Joker. Bon, ça tombe bien, c’est ce qui nous intéresse, et c’est au moins un des points forts du mode automatique… En tout cas pour nous aider au début. Par la suite, vous deviendrez plus pointilleux et même la luminosité du mode Automatique pourra ne plus vous convenir.
On regarde les infos de la photo, et on note (dans la tête si vous faites comme moi, sur un papier si vous êtes neuneu, un peu lent, ou que pour vous, noter noir sur blanc ces données existentielles est un réel confort psychologique et une sécurité à toute épreuve) les réglages d’exposition.
Exemple : f/4 1/250s 200 ISO
Bon, tout ça c’est très bien, les chiffres sont jolis, la luminosité convenable, mais par contre, quel est tout ce flou autour de cette petite bande nette ?
Et bien ça, mon ami GU c’est tout simplement la profondeur de champ qui est au ras des pâquerettes. Pour ça, pas de secret, on va augmenter la profondeur de champ en fermant. Pour fermer, on augmente le nombre d’ouverture… cela aura pour conséquence directe d’assombrir la prise de vue puisque le diamètre aura été réduit, mais on va utiliser les deux autres paramètres du Triangle d’exposition pour compenser.
f/4 étant vraiment trop peu pour une bonne PdC, on passe directement à f/11 et on verra bien. De toute façon, comme aurait dit mon Mogwai : Trop clair ! (mais mon Mogwai il est bête parce que de toute façon, on va retomber sur la même luminosité).
Avant de continuer, petite chose à savoir sur le nombre d’ouverture qui double la luminosité. Je vous ai dit plus haut que chaque valeur supérieure était 1 Stop de plus… Et qu’1 Stop de plus était le double de lumière… Pour corser un petit peu la chose, certains objectifs peuvent se régler par demi valeur (on pourrait donc dire 1/2 Stop) ou tiers de valeur afin d’obtenir des réglages fins. Et oui, des fois, on ne veut pas passer du simple au double…
Voici donc pour simplifier, les valeurs universelles doublant à chaque fois la quantité de lumière (ou la divisant par 2, selon le sens) :
f/1 ; f/1,4 ; f/2 ; f/2,8 ; f/4 ; f/5,6 ; f/8 ; f/11 ; f/16 ; f/22 ; f/32
1/1000s ; 1/500s ; 1/250s ; 1/125s ; 1/60s ; 1/30s ; 1/15s ; 1/8s ; 1/4s ; 1/2s ; 1s ; 2s….. 30s
100 ISO ; 200 ISO ; 400 ISO ; 800 ISO ; 1600 ISO ; 3200 ISO ; 6400 ISO ; 12800 ISO ; 25600 ISO (les valeurs normalisées commencent à 25 ISO mais ce n’est pas fréquent, et peuvent monter au-delà de 25 600, mais souvent le bruit généré rend l’image quasi inexploitable).
Reprenons :
Je suis donc passé à f/11, je me rends compte en regardant les données ci-dessus que je me trouve 3 Stops en-dessous des réglages d’expo qui me convenaient question luminosité. 3 Stops en dessous et non au-dessus car on se rappelle bien que pour l’ouverture, plus le chiffre est grand plus le diaphragme est fermé. Avec mes 3 Stops en dessous, je vais avoir une image 8 fois plus sombre (2x2x2).
Pour retrouver ma luminosité d’origine, je vais compenser en rajoutant 3 Stops à un autre paramètre de mon Triangle, ou bien mixer et augmenter un paramètre de 2 Stops, et le troisième paramètre d’1 seul Stop.
Si j’ai un trépied, je choisis d’augmenter le Temps de pose de 2 Stops. 2 Stops au-dessus de 1/250s, c’est 1/60s (ça commence à être long, heureusement qu’il y a le trépied pour éviter le flou de bougé). Il ne reste qu’à récupérer le 3è Stop en passant les ISO À la valeur supérieure, c’est-à-dire 400 ISO (ce qui reste raisonnable par rapport au bruit généré).
Maintenant que j’ai une idée des réglages, je passe mon boîtier en mode Manuel et je règle mon exposition comme suit :
f/11 1/60s ISO400
Je shoote, je compare l’image avec la précédente : même luminosité, mais une zone de netteté bien plus étendue. Chouette, c’est ce que je voulais !
J’ai donc bien augmenté la profondeur de champ tout en conservant ma luminosité.
On pourrait multiplier les exercices, avec un exemple de flou à cause d’une vitesse trop lente, ou un problème de piqué parce que trop de profondeur, etc., mais comme vous avez compris le principe, à vous d’adapter les réglages par rapport à la situation.
C’est toujours le même principe ! Vous pouvez d’ailleurs l’utiliser pour régler la luminosité à votre convenance si elle ne vous satisfait pas tout à fait en mode Automatique.
Il faut juste bien garder en tête que tout n’est qu’une histoire de compromis. Vous allez optimiser tel ou tel paramètre en fonction de ce que vous voulez obtenir : plus de luminosité, plus de piqué, plus de profondeur de champ… Sachant que dans l’absolu, il y en a toujours un qui se fait au détriment de l’autre.
Du coup, le mieux, c’est vraiment de gérer sa lumière de départ pour ne pas avoir à trop sacrifier certains critères.
Il faut bien se rappeler photo = lumière.
Pour rappel :
Grande profondeur de champ = diminution de l’ouverture = moins de lumière = moins de détails dans les zones nettes,
Grande ouverture = grande luminosité = beaucoup de détails dans une profondeur de champ ridicule,
Trop fermé = diffraction,
Trop ouvert = aberrations chromatiques,
Long temps de pose = Grande luminosité = augmentation des risques de flous !!!! Utilisation d’un trépied !!!!
Sensibilité élevée = bruit.
*Ce petit piège vient du fait que le nombre d’ouverture, généralement sous forme f/n (ex: f/2,8) ne représente pas une dimension en centimètres ou millimètres, du diamètre de l’ouverture du diaphragme mais un rapport de la focale (f) au diamètre (d) de la pupille d’entrée : n=f/d. Ça devient tout de suite plus logique ! Diviser quelque chose par 2,8 donne forcément un résultat plus grand qu’en la divisant par 5,6.